poésie à l'écoute

Fil 2/2- Actualité poétique (01/03/2011)

Edith Sitwell (Angleterre) / Lucien et Serge Gainsbourg (France) / Yves Simon (France) / Anthologie historique de la poésie française / Jean-Joseph Rabearivelo (Madagascar) / Céline et Rimbaud / Rimbaud par Edmund White / Anthologie Les poètes de la Méditerranée / Poésie et Europe.

Edith Sitwell (Angleterre) – Critique dans l’hebdomadaire The Economist du 19 février 2011 concernant une biographie « excellente » sur la poétesse Edith Sitwell (1887-1964). Richard Greene, professeur à l’université de Toronto, a écrit Edith Sitwell : Avant-garde Poet, English genius, publié chez Virago Press Ltd (Londres). Le livre relate l’existence de cette « Dame de l’ordre de l’Empire britannique » qui, avec ses deux frères poètes, Osbert et Sacheverell, édita de 1916 à 1921 les anthologies Wheels, et anima un club littéraire, rencontrant et/ou promouvant le travail de Yeats, Eliot, Virginia Woolf, Dylan Thomas et bien d’autres. Habillée de manière extravagante pour l’époque, elle donna des récitals de poésie qui étaient toujours des événements…

En exclu Lulu (Gainsbourg) – A l’approche du 20ème anniversaire de la mort de Serge Gainsbourg, son dernier enfant, Lucien (« Lulu »), chanteur et musicien de 25 ans, a offert sa première interview en exclusivité à Next n°32, supplément au quotidien Libération du 5 février. Il termine un premier album de reprises, en duo, de son père. On peut lire dans la présentation du fils de Gainsbarre ce qui suit : « (…) les mots, non merci. Comment faire, de toutes les façons, après papa qui enfilait métaphores, allitérations, ellipses, rimes, hyperboles, litotes, qui débordait de volupté : « Lorsqu’en songes obscurs / Marilou se résorbe / Que son coma l’absorbe / En des rêves absurdes / Sa pupille s’absente / Et son iris absinthe / Subrepticement se teinte / De plaisirs en attente » – qu’écrire après ça ? » On se souviendra qu’en 1986, Lucien Rioux lui consacrait une étude parue chez Seghers, dans la collection… « Poésie et Chansons » (nouvelle édition en 1991).

« Je suis « aquoiboniste », comme disait Gainsbourg » (France) – Le chanteur et écrivain Yves Simon dans Le Monde Magazine n°74 du 12 février 2011, à propos de son nouveau roman La Compagnie des femmes (Stock) : « Vous adressez dans votre livre un poème magnifique « au seul être » qui vous « obsède depuis longtemps, depuis toujours » : l’enfant que vous n’avez pas eu. Y.S. L’enfant fut longtemps lié à cette quête de l’amour absolu. (…) A quoi bon regretter ce qui n’a pas eu lieu ? Je vis dans l’actualité et déteste ce diamant noir des regrets. Ils pourrissent la vie, altèrent la sérénité. « Il ne faut pas mourir avec un mensonge dans le cœur », disait Jack London. (…) »

« La poésie doit le changer de la politique, les escapades de Ronsard ou de Paul-Jean Toulet le distraire du tumulte incessant des affaires publiques. » (France) – Auteur de plusieurs études littéraires, notamment sur Mérimée et Ovide, Xavier Darcos, membre de l’Institut et ministre français de l’Education nationale de mai 2007 à juin 2009 (puis ministre du Travail), vient de produire Une anthologie historique de la poésie française. Un volume de près de 600 pages à l’enseigne des Presses Universitaires de France (« Hors collection »). Selon un ordre chronologique, un florilège de textes majeurs ou moins connus, des troubadours du Moyen Age à nos jours.

« Le Prince des poètes malgaches » Les éditions du CNRS français, en coopération avec les éditions Tsipika (Madagascar), viennent de publier le premier tome (1.274 pages !) des Œuvres complètes de Jean-Joseph Rabearivelo (1901-1937). Sont inclus les Calepins bleus, journaux intimes à la réputation sulfureuse, jamais édités jusqu’ici.

De Rimbaud à Molière (Céline)Le Magazine Littéraire de février 2011 (n°505) a réalisé un dossier étoffé sur Louis-Ferdinand Céline, avec un article de Suzanne Lafont analysant l’influence de Rimbaud sur l’auteur du Voyage au bout de la nuit : « (…) Ce que Céline appelle poésie couvre un vaste champ qui va du poème traditionnel à l’opéra, du ballet à la féerie, en passant par la légende et la chanson. Les vocations auxquelles il a dû renoncer, faute de talent selon lui pour la poésie, la musique et le théâtre, continueront à laisser des traces dans l’œuvre. (…) il faut aller chercher dans des lettres, dont certaines inédites, la confirmation de nos intuitions de lecteur : Céline a bien en tête les poèmes de Rimbaud. Il connaît sans doute, malgré son aversion affichée pour Mallarmé, les lignes que celui-ci a consacrées à Rimbaud dans Quelques médaillons et portraits en pied et qui ont contribué à sa légende. (…) Les titres des poèmes de Rimbaud trouvent une étrange résonance dans les romans de Céline : Nuit de l’enfer, Délires, Mauvais sang… Céline lui emprunte son lexique (…) ; ils affectionnent les mêmes décors (…), ont leurs personnages de prédilection (…), leurs ennemis jurés (…). (…) A partir de 1936, la trace de Rimbaud s’efface sans disparaître, le modèle théâtral relègue à l’arrière-plan les réminiscences poétiques. Un autre compagnonnage littéraire devient patent et, après avoir emboîté le pas à Rimbaud, Céline se glisse dans l’ombre de Molière. (…) »

« Je m’identifiais totalement aux désirs de Rimbaud d’être libre, d’être publié, d’avoir une vie sexuelle et de gagner Paris. Il ne me manquait que son courage. Et son génie. » (Edmund White) – Une biographie supplémentaire de Rimbaud ! Parue en anglais en 2008 et maintenant en français chez Payot, Rimbaud, la double vie d’un rebelle est signée par le francophile Edmund White, célèbre romancier et critique littéraire d’outre-Atlantique. Il éclaire l’univers de celui qui « a inventé l’obscurité en poésie » et rend hommage au poète qui a marqué son adolescence et qu’il considère comme son mentor.

« Ô mer, tu es la mort et la vie tout ensemble » (Dara Sekulic) – Alors que le sud de la Mare nostrum est fort agité, une volumineuse anthologie couvrant 24 pays et sélectionnant une centaine d’auteurs (« quatre générations de poètes vivants (…), sans distinction d’âge ou de notoriété ») est publiée dans la collection Poésie/Gallimard-Culturesfrance : Les poètes de la Méditerranée. Un ouvrage en 17 langues, chaque fois avec la traduction française, préparé par Eglal Errera, avec une préface d’Yves Bonnefoy.

 

Poésie et Europe – Pour la troisième année consécutive, du 4 au 12 mars 2011, Strasbourg sera le théâtre de la manifestation « Traduire l’Europe », traitant de la diversité des cultures et littératures européennes, honorant leurs traducteurs. Le 5 mars, à la Médiathèque André Malraux, se tiendra une table-ronde : La poésie pour dire la blessure ? Des écrivains d’Europe de l’Est, parmi lesquels Herta Müller, prix Nobel 2009 de littérature (pour son oeuvre qui, « avec la concentration de la poésie et l’objectivité de la prose, dépeint les paysages de l’abandon »), y témoigneront de leur expérience de la dictature au cours du 20ème siècle. Les 11 et 12 mars, les 6èmes Rencontres européennes de littérature se dérouleront en divers points de la ville, ayant comme invité d’honneur Yves Bonnefoy, dont la conférence inaugurale portera sur Les lettres de Hofmannsthal et la question de la poésie. Autre présence à remarquer, le poète « prolétarien » britannique Tony Harrison, prix Européen de littérature 2010. Informations sur www.strasbourg.eu/accueil

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